Le 25 novembre est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Ces violences se produisent aussi sur nos lieux de travail : une femme sur trois y est victime de harcèlement sexuel et 9% des violences y sont commises, par des collègues ou des usagers. Notre section syndicale se mobilise toute l’année contre les violences sexistes et sexuelles et pour les droits des femmes et des minorités de genre !

La BnF face à ses obligations
Selon le code du travail, l’employeur a obligation d’assurer la sécurité de ses employé.es, ainsi que de protéger leur santé physique et mentale. Contre les violences sexistes et sexuelles, il doit donc agir à plusieurs niveaux :
- en organisant des formations de prévention pour informer et sensibiliser les agent·es,
- en mettant en œuvre un dispositif efficace de signalement et de traitement des violences,
- en protégeant et en accompagnant les victimes,
- en sanctionnant l’agresseur à la hauteur de la gravité des faits.
À la BnF, certaines mesures ont été mises en place, après des années de travail de notre organisation syndicale pour faire reconnaitre la nécessité de prendre des mesures face à des violences longtemps restées impunies.
Ainsi, une formation « Lutte contre les violences sexistes et sexuelles » a été mise en place, et la procédure de signalement via stop-harcelements@bnf.fr a été créée en 2019. Nous avons dû intervenir pour que la formation devienne obligatoire, et pour que la procédure de signalement soit indiquée en page d’accueil de Biblionautes, alors qu’elle était avant compliquée à trouver. Malgré ses avancées, nous constatons les limites de l’action de l’établissement en matière de prévention de ces violences et de leur traitement quand elles ont lieu.
Nous estimons que la BnF, pour satisfaire à ses obligations en matière de santé et de sécurité, doit former les agent·es de façon constante, anticiper les situations de violences possibles, prendre en compte les signalements flous et rumeurs pour faire la lumière sur ces situations, et non pas se contenter de réagir une fois mise au pied du mur, lorsque les violences ont déjà eu lieu. Le « tout le monde savait » banalisant la violence sexiste et l’isolement des victimes doit cesser !

Se former mieux
La formation mise en place pour le moment à la BnF est pertinente, mais insuffisante. Une demi-journée dans une carrière ne permet pas d’appréhender la réalité des violences sexistes et sexuelles au travail. Notons d’ailleurs que cette formation se décline en deux versions, une pour les agent·es et une pour l’encadrement, et que les deux ne durent que trois heures et ont lieu en distanciel. Cette formation de trois heures est dispensée par un organisme extérieur, les encadrant·es n’y sont donc pas formé·es à la procédure interne de signalement de la BnF, outil pourtant essentiel.
Ce manque dans la formation interne a conduit encore cette année à des situations absurdes, la hiérarchie de certains départements continuant à essayer de cacher sous le tapis des actes de harcèlement sous couvert de « régler en interne » ces situations, plutôt que de les signaler. Ce genre de comportement est intolérable, car il est en lui-même porteur de violence pour les personnes déjà victimes.
De la même façon, l’obligation de formation est pour le moment théorique, malgré l’importance du sujet : les correspondant·es formation relancent régulièrement les collègues pour les pousser à s’inscrire aux formations obligatoires, mais rien de plus contraignant n’est prévu. Cette situation est inacceptable, et il est absolument nécessaire que la direction de la BnF y remédie rapidement.
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