En effet, le 13 mars dernier, après diverses informations contradictoires, ComRAO est arrivée au département de la Musique (sites Louvois et Opéra) et au département des Monnaies, Médailles et Antiques. Il convient peut-être de saluer la rapidité de la mise en fonctionnement de l’application COMRAO, alors que la mise à jour des comptes GTA pour les 5 jours de congés supplémentaires pour 2017 obtenus lors de la journée de grève du 15 décembre tarde tant dans son application pour les agent-e-s de Richelieu/Louvois.
ComRAO, c’est le petit nom pour les départements spécialisés de l’application informatique qui est désormais censée permettre aux lecteurs/trices de commander à distance et à l’avance leurs documents, et qui est aussi censée permettre la communication informatisée de ces documents. Cela c’est la théorie.
En réalité, l’application ComRao, loin de faciliter le circuit du document, l’a considérablement alourdi. Le personnel rame avec une application qui n’est pas prête, car élaborée sans les moyens nécessaires aux ambitions de la direction (manque de postes, de personnels, de temps, de mise en pratique, de coordination entre les différents services notamment informatique et DMT).
Elle entraîne de nombreux problèmes techniques non anticipés, puis non résolus à temps, qui rendent les conditions de travail très difficiles pour les agent-e-s :
■ Des statuts de documents divergents, non modifiables, pouvant concourir à une plus grande perte de documents ;
■ Aucune mémoire des filtres de tri ;
■ Taux d’erreur de l’application important qui oblige les agent-e-s à effectuer des vérifications manuelles ;
■ Problèmes très réguliers de paramétrage mettant trop de temps à être résolus
■ Système de mise de côté inadapté, etc…
■ Quant au code barre sur le bulletin, il est un pis-aller qui fonctionne mal (perte des papiers, prise en considération informatique de la demande et pas du document qui amène beaucoup de complication lors du traitement de chaque demande).
Ces conséquences négatives pour les lecteurs/trices amène le personnel à devoir les accompagner individuellement, alors qu’il doit déjà se former lui-même et improviser une réorganisation de son propre travail en inadéquation avec ses réalités.
Mais en plus de ces dysfonctionnements, des problèmes techniques et des difficultés organisationnelles, ce système de réservation implique aussi que les magasiniers/ères doivent être présent-e-s plus tôt le matin et soient plus nombreux/ses pour faire les différentes opérations nécessaires. Or, les effectifs ne changent pas et les équipes doivent également répondre aux exigences du travail interne, nécessaire à la préparation des collections, notamment en vue du déménagement, pour le département de la Musique. Cela se traduit donc par une augmentation de la charge de travail et des pressions pour des agent-e-s qui se retrouvent de fait en sous-effectif et par un risque que le travail interne soit délaissé.
Cette situation ubuesque a rapidement amené la section SUD Culture de la BnF à demander la suspension de cette application, mais la direction s’y est refusée en prétendant qu’il ne s’agissait que d’aléas informatiques temporaires, sans considération pour les trop nombreuses difficultés rencontrées par les agent-e-s. Loin du terrain, il semblerait qu’elle n’ait toujours pas compris la différence entre les divers sites de la BnF, du point de vue des bâtiments, des collections et de l’organisation du travail qui en découle. De plus, les restrictions budgétaires et d’effectifs ne la freine en rien dans sa volonté d’afficher de nouveaux services pour les lecteurs/trices et de prétendre faire preuve de « modernité » à travers ce type d’application informatique. Et ce, peu importe comment cela se passe concrètement pour les agent-e-s.
Il faut croire qu’aucune leçon n’a été tirée de l’ouverture du site de Tolbiac à l’automne 1998 et de tous les problèmes informatiques rencontrés alors…
Il n’y a pas eu de marche à blanc pour tester dans une configuration la plus réaliste possible l’application ComRAO.
Il n’y a pas eu d’augmentation des moyens matériels pour anticiper les difficultés.
Il n’y a pas eu de prise en compte des avis et remarques des agent-e-s !
Dans ces conditions, l’introduction de ComRAO se traduit par une dégradation des conditions de travail pour les agent-e-s et par une dégradation du service réel offert aux lecteurs/trices, tout cela dans un contexte défavorable.
La section SUD Culture de la BnF redemande donc la suspension de ComRAO, le temps qu’il faudra pour régler les problèmes rencontrés, préparer sa mise en marche dans de bonnes conditions et doter les départements concernés des moyens en personnel et en matériel nécessaires !