Jour 29.1 et 29.2 – Procès France Télécom : Inégalités et rapports de pouvoir au tribunal / Perruque, excitation + 5 autres

procès lombard

Jour 29.1 – Inégalités et rapports de pouvoir au tribunal

L’audience du 24 juin 2019 du procès France Télécom, vue par Emmanuel Henry, politologue et sociologue à l’Université Paris-Dauphine, PSL University, CNRS, auteur de Ignorance scientifique et inaction publique. Les politiques de santé au travail, Presses de Sciences Po, 2017 et « Fabriquer des irresponsables », Sociologie du travail, 61 (2), Avril-Juin 2019.

 

L’audience du lundi 24 juin est la première avec la nouvelle formation de magistrats de la cour. La présidente annonce en effet qu’une de ses assesseures a dû se retirer et sera dorénavant remplacée par la magistrate supplémentaire. Cette première audience dans cette nouvelle configuration constitue sans doute une forme de test pour ce nouveau collectif qui doit trouver de nouveaux repères et se partager différemment les préparations de dossiers. Les personnes suivant régulièrement le procès me font part que cette audience est marquée par une position un peu plus en retrait de la cour que d’habitude.

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Jour 29.2 – Perruque, excitation + 5 autres

L’audience du 24 juin 2019 du procès France Télécom, vue par Nathalie Quintane, écrivain et enseignante. La plupart de ses livres sont publiés chez P.O.L. et à la Fabrique. Dernier ouvrage paru : Un œil en moins (P.O.L., 2018).

> Perruque.

J’arrive très en avance. On est deux. On commence à discuter. Il est à la retraite. Il a travaillé chez France Télécom. Il me raconte l’histoire de ce copain ingénieur, auquel on a d’abord proposé un poste de technicien ; puis un boulot de magasinier ; enfin, un bureau avec un téléphone dessus et rien d’autre. De huit heures du matin à cinq heures le soir. Une pièce vide pour le gars qu’on veut vider, ou plutôt : dont on souhaite qu’il se vide lui-même. Alors il se rapproche et, tout près de mon oreille, il dit : « Il en pouvait plus… Il a décidé de partir à pied de chez lui à huit heures tous les matins, d’acheter le journal en passant, de le lire à son bureau ; il téléphonait aux copains pour réserver un restau, et l’après-midi il repartait à trois heures… ». Ça ne correspond pas vraiment à ce qu’on appelle « perruquer ». « Perruquer », c’est travailler pour soi ; utiliser temps de travail et outils de travail pour faire des choses qui ne sont pas celles pour lesquelles on est payé. Cet homme n’en profitait pas pour travailler pour lui : il avait juste trouvé de quoi occuper le temps. Comme l’expliquera un témoin, parlant des call centers et du script que les téléconseillers doivent suivre à la lettre : « Le formalisme interdit toute dissidence. » […]

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