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MOBILISONS-NOUS CONTRE LE RACISME SYSTÉMIQUE ET LES VIOLENCES POLICIÈRES

Le meurtre tragique de Nahel, abattu par un policier à bout portant le 27 juin 2023 à Nanterre, a déclenché une nouvelle vague de soulèvements dans les quartiers populaires durant l’été 2023, comme cela avait été le cas en 2005 après la mort de Zyed et Bouna pourchassés par la police à Clichy-sous-bois. Il s’ajoutait à une longue liste de victimes qui ne cesse de s’allonger : Zied, Bouna, ali Lamine, Amine, Adama, Theo, Safiatou, Salif, Ilan, Alhoussein, Mohamed tué au CRA de Vincennes le 26 mai dernier, Nahel… Sans oublier toustes les migrant·es mort·es sur les routes de l’exil qui prennent tous les risques pour éviter d’être arrêté·es par la police aux frontières. La liste est longue, bien trop longue en Méditerranée, dans la Manche, dans les Alpes, dans l’Atlantique…

Le gouvernement persiste dans sa politique autoritaire, répressive, raciste et xénophobe avec sa loi immigration, mais aussi dans la stigmatisation des personnes de confession musulmane ou supposées telles, ignorant les réalités sociales, les violences policières et le racisme systémique. Car force est de constater qu’il y a un grave problème de violence, le plus souvent liée au racisme dans la police française. Il est temps que cela change fondamentalement.

→ Il n’y a pas de justice sociale sans lutte contre le racisme systémique, au travail, dans nos quartiers, dans nos réseaux.

→ Il n’y a pas de justice sociale sans lutte contre les violences policières et les atteintes aux libertés publiques.

→ Il n’y a pas de justice sociale sans politique publique qui remet les services publics pour toustes au cœur de notre société, pour la santé, pour l’éducation, contre le changement climatique, particulièrement dans les quartiers populaires et dans les zones rurales désaffectées.

L’Union syndicale Solidaires continuera à lutter avec celles et ceux qui subissent les oppressions racistes et sexistes, au travail, dans nos quartiers et dans la société.
C’est pourquoi Solidaires appelle à rejoindre les marches unitaire contre le racisme systémique et les violences policières qui auront lieu partout en France :
  • le samedi 16 mars : Marche contre les violences, les crimes et le racisme d’État à l’appel du Réseau d’Entraide Vérité et Justice avec les familles de victimes et les survivant·es des violences policières, pénitentiaires, psychiatriques et judiciaires contre l’impunité de ces violences, contre les propos, actes, violences et crimes racistes, xénophobes, homophobes, sexistes.
  • le samedi 23 mars – Liberté, Égalité, Papiers ! Appel à la mobilisation générale à l’initiative des collectifs de sans-papiers et de la marche des Solidarités, plus de 160 organisations, collectifs, associations, syndicats à l’occasion de la journée internationale contre le racisme et le fascisme.
  • le samedi 21 avril – Racismes en france. Nos Enfants en danger ! Marche Contre Le Racisme, L’Islamophobie et pour La Protection des Enfants à la mémoire d’Amine Bentounsi, emprisonné et « tué » socialement à l’âge de 13 ans, puis tué d’une balle dans le dos, par un policier le 21/04/2012. A la mémoire de toutes.

L’Union syndicale Solidaires exige :

  • L’abrogation de la loi de 2017 sur l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre ;
  • Une réforme profonde de la police, de ses méthodes d’intervention et de son armement ;
  • Le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique ;
  • La création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse, placé au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits, et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police ;
  • Un ambitieux plan d’investissement public dans les quartiers populaires et sur tout le territoire pour restaurer les services publics, financer les associations et les centres sociaux.
Nous continuerons à dénoncer l’escalade sécuritaire qui nous empêche de manifester et limite les libertés publiques.
Nous ne nous tairons pas, nous continuerons à nous battre pour la justice, pour l’égalité des droits, contre le racisme, pour la régularisation des Sans Papiers, la liberté de circulation et une société juste et libre d’oppressions.

Appel à la marche unitaire du 23 septembre « Pour la fin du racisme systémique, des violences policières, pour la justice sociale et les libertés publiques »

Le meurtre de Nahel, tué par un policier à bout portant le 27 juin 2023 à Nanterre, a mis de nouveau la lumière sur ce qui doit cesser : le racisme systémique, les violences policières, et les inégalités sociales que creuse la politique de Macron. Une politique néolibérale imposée par des méthodes autoritaires, des lois sécuritaires et une doctrine du maintien de l’ordre décriée jusque dans les plus grandes instances internationales. Une politique régressive qui fait le lit de l’extrême-droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique.

En première ligne des victimes de ces choix politiques, les habitant·es, et notamment les jeunes des quartiers populaires et des territoires ultramarins, qui subissent de plein fouet l’aggravation de toutes les inégalités sociales dans un contexte économique d’inflation, de hausse des loyers, des prix de l’énergie et de politiques d’urbanisme brutales. Les réformes de la Macronie accentuent la pauvreté en durcissant notamment l’accès aux prestations sociales. La scandaleuse réforme de l’assurance chômage en est un exemple significatif alors que la précarité au travail augmente.

Les révoltes dans les quartiers populaires ne peuvent s’analyser que dans ce contexte global. Les habitant·es de ces quartiers, et notamment les mères isolées, pallient bien souvent seul·es les carences de services publics dont la destruction s’accélère de jour en jour.

A côté de cela, de nombreuses violences sont perpétrées contre les populations : délocalisation et destruction de l’emploi, évasion et fraude fiscale, mode de vie des ultras riches écocidaire, supers profits des multinationales, modes de production hypers polluants responsables de la crise climatique. Et pour cela, l’Etat laisse faire ! De plus, les populations racisées et/ ou issues des classes sociales défavorisées, des quartiers populaires, des zones rurales et périurbaines appauvries, des territoires ultramarins sont victimes de violences institutionnelles et systémiques, notamment policières.

La politique répressive de l’Etat est encore renforcée par le dernier remaniement ministériel, qui a élargi les compétences du ministère de l’Intérieur à la ville, l’Outre-mer et la citoyenneté. La répression s’étend avec toujours plus d’intensité et de violences policières, d’interdictions de manifester, contre le mouvement social et écologiste, comme lors de la lutte contre la réforme des retraites rejetée par l’immense majorité des travailleur-ses et leurs syndicats et à Sainte-Soline. La liberté associative, directement et indirectement, est de plus en plus mise en cause.

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INTERDICTION DE LA MARCHE POUR ADAMA: NOUS NE POUVONS PAS RENONCER À LA LIBERTÉ DE MANIFESTER

Communiqué de presse du 7 juillet 2023

Le tribunal administratif a donc validé ce soir la décision de la préfecture du Val d’Oise interdisant la marche du collectif Justice et Vérité pour Adama, au prétexte que les forces de l’ordre seraient occupées sur les violences urbaines.

Or, cette marche se tient chaque année de manière digne et forte en commémorant Adama Traoré mort de violence policière et pour réclamer justice.

Plus d’une centaine d’organisations, associations et collectifs y ont appelé suite au meurtre de Nahel, pour pouvoir affirmer collectivement que d’autres réponses existent que la répression toujours et plus, celle choisie par le gouvernement. (voir ici le texte unitaire)

Cette décision est lourde de conséquence et de responsabilités pour ce gouvernement et confirme encore une fois le recul du droit à manifester, déjà constaté depuis des années et qui s ‘est accentué lors du mouvement contre les retraites, lors des événements et manifestations écologiques des derniers mois.

Interdire une marche commémorative qui devient cette année le symbole de la lutte contre les violences policières, le racisme systémique, et les inégalités sociales criantes dans les quartiers populaires et les territoires en carence de services publics rend le gouvernement responsable d’une situation qui peut devenir explosive.

C’est pourquoi Solidaires appelle, à être à 15 heures place de la République ce samedi aux côtés d’Assa Traoré et du comité Vérité et Justice pour Adama,

et à se rassembler et à défiler dans toutes les villes suivant l’appel d’une centaine d’organisations pour que de vraies mesures sociales, antiracistes et respectueuses des libertés publiques soient enfin prises et pour la fin des violences policières.

LE FASCISME TUE, COMBATTONS-LE, PARTOUT, TOUT LE TEMPS !

Le 27 juillet, à Nanterre (92), Nahel, un adolescent de 17 ans, décédait à la suite d’un tir par un policier. Une enquête est en cours et le policier a été placé en détention provisoire. Des mobilisations ont rapidement éclaté dans tout le territoire pour dénoncer ce meurtre et les violences policières.

Dans un communiqué de presse, les syndicats majoritaires de policiers, Alliance Police nationale et l’UNSA Police, usent d’un vocabulaire raciste, martial et sécessionniste extrêmement préoccupant, appelant à « faire la guerre aux nuisibles » ; un autre syndicat de police s’est félicité du tir mortel (France Police). Cette rhétorique dangereuse, issue des milieux d’extrême droite, doit mettre en alerte les Ministres de l’Intérieur et de la Justice que nous appelons à la responsabilité face aux dérives réactionnaires et militaristes notamment dans les rangs de la police nationale.

Dans l’attente que les pouvoirs publics et politiques prennent enfin leurs responsabilités, nous appelons chacun et chacune à s’organiser, à organiser leur défense collective et à mener la bataille des idées. Nous refusons une société raciste, réactionnaire et fondée sur la violence sociale et la haine de la différence.

NOUS VOULONS UNE SOCIÉTÉ JUSTE, SOLIDAIRE, OUVERTE ET LIBRE, FONDÉE SUR L’ÉGALITÉ ET LES DROITS SOCIAUX !

Face à cela la droite (Renaissance, LR) montre son visage autoritaire. Elle nie toute origine sociale de cette révolte pourtant liée au délabrement des politiques de la ville, à la disparition des services publics, à l’accroissement des inégalités, au racisme systémique et à l’emploi de plus en plus précaire pour privilégier la « responsabilité individuelle » ou en dénonçant le soit-disant gouffre d’argent public « déversé à perte dans les quartiers », alors que toutes les aides données sans contreparties au patronat ne l’ont jamais choquée.

Le pire restait à venir et un pas supplémentaire a été franchi par les groupuscules d’ultradroite. Dans plusieurs villes, les fascistes sont sortis dans la rue pour s’en prendre aux manifestant·es ou « faire régner l’ordre ».

A Lyon (69), une centaine de leurs militants a défilé pour une démonstration de force, à Chambéry (73) c’est aux cris de « Français réveille-toi, tu es ici chez toi » et « Chambé, Chambé, anti casseur » qu’un cortège d’une quarantaine de personnes a paradé en centre-ville, Annecy (73) voyait aussi une dizaine d’activistes tentant de s’en prendre aux manifestant·es tandis qu’à Grenoble (38) ils étaient une quinzaine.

C’est dans l’Ouest que se sont produits les événements les plus graves. A Angers (49), les membres du groupuscule dissout l’Alvarium ont joué de la batte de base-ball trois soirs de suite et plusieurs personnes ont du être conduites à l’hôpital. A Lorient (56) ce sont encore des « patriotes » (une trentaine de personnes) qui se sont constitués en milice pour apporter leur « aide » à la police en malmenant des manifestant·es et en pratiquant des arrestations sauvages et illégales. A Saint-Brieuc le Festival pour une Bretagne solidaire a été attaqué par une vingtaine de militants d’ultradroite habillés en noir, cagoulés et armés !

Ce sont donc au moins sept villes qui ont vu la peste brune descendre dans la rue. Et à chaque fois elle a pu le faire avec la complicité des forces de l’ordre malgré les violences et les armes bien visibles. A Chambéry la police a escorté (et protégé), deux soirées, pendant plusieurs heures, une manifestation non déclarée scandant des slogans racistes !

Ces initiatives de l’extrême droite activiste nous révulsent tout autant que l’attitude de l’État et des ses forces de l’ordre qui entretiennent et nourrissent même ce climat nauséabond.

Il serait normal qu’il y ait une action ferme des pouvoirs publics contre ces groupuscules d’extrême droite, mais d’ici là il faut veiller à ne pas leur laisser prendre la rue. Dans certaines villes les jeunes des quartiers populaires et les antifascistes ont fait reculer ces groupuscules ou les ont empêché de sortir. Nous devons suivre ces exemples, l’extrême droite ne s’affiche dans la rue que parce que nous la laissons faire.

Le mouvement social doit se mobiliser en soutien aux premières victimes des discriminations raciales, économiques et sociales.
Nous devons nous mobiliser face à une justice de classe injuste et impitoyable qui matraque les jeunes révolté·es lors des comparutions immédiates.
Ne nous y trompons pas, c’est notre classe qui est attaquée. Mobilisons-nous pour défendre notre dignité et nos acquis contre les forces du Capital et de la réaction.

LA RUE EST À NOUS, PAS À CES FORCES RÉACTIONNAIRES !

Appel à la mobilisation : rejoignons les rassemblements contre les violences policières racistes !

SUD Culture Solidaires / Section BnF

Suite au meurtre de Nahel par la police nationale, le 27 juin dernier à Nanterre, plusieurs rassemblements se sont tenus à travers tout le pays pour réclamer justice et dénoncer le caractère systémique des crimes policiers dont sont victimes les jeunes des quartiers populaires.

Ces crimes le sont d’autant plus qu’ils restent majoritairement impunis. Salir la victime, tordre la réalité des faits ou invoquer la nécessité de l’ordre sont les techniques de minimisation les plus communes pour justifier l’injustifiable. Mais cette-fois, cela n’a pas marché : une vidéo ôte tout doute sur les circonstances du meurtre de Nahel. L’arrogance, le mépris et le geste du policier sont filmés.

De nombreux médias jouent un rôle dévastateur après chacun de ces crimes en se focalisant sur les dégradations matérielles et le retour à « l’ordre ». Aucune place n’est donnée aux revendications de justice sociale, aux dénonciations des violences policières et racistes, à l’exigence d’égalité. De plus, l’utilisation des armes par la police est un vrai débat qu’il faut porter, a fortiori depuis 2017 et la loi autorisant le tir de policiers en cas de refus d’obtempérer suite à un contrôle. La peine de mort a été abolie il y a 41 ans, pourtant elle existe toujours de manière extra-judiciaire.

Hier, c’était Malik Oussekine, étudiant mort des suites de coups de matraque en 1986, les adolescents Zyed Benna et Bouna Traoré morts des suites d’une électrocution en 2005, Lamine Dieng et Adama Traoré, morts en 2007 et 2016 après plaquage ventral, Amine Bentounsi tué par tir dans une course-poursuite en 2012, Babacar Gueye tué par cinq balles en 2015 et Gaye Camara, tué par 8 balles dans la tête au volant de sa voiture en 2018, aujourd’hui c’est Alhousseïn Camara à Angers, Nahel à Nanterre et Mohamed Bendriss à Marseille le week-end dernier.  

Mais dans la très grande majorité des cas, l’affaire est classée en non-lieu ou la légitime défense est retenue, entraînant la poursuite de l’impunité policière.

Il se trouve que Nahel était un adolescent d’origine algérienne et comme la majorité des victimes de violences policières dans les quartiers populaires, il est l’un des descendants de familles colonisées par l’État français jusqu’au siècle dernier. Le racisme qui a justifié la soumission de populations étrangères à une exploitation inique et à leur paupérisation, est le même qui sévit aujourd’hui sous des dehors plus respectables et moins explicites. La vie de ces jeunes compte moins que celle des autres, ce qui oblige les familles de victimes à un engagement total pour tenter d’obtenir justice.

Ce fléau raciste, qui banalise d’autant plus l’autoritarisme policier dans les quartiers populaires, a également ouvert un boulevard aux réactionnaires, à l’extrême-droite de ce pays qui se sont empressés de soutenir moralement et financièrement l’assassin de Nahel et, aussi aux groupes fascistes qui ont tenté de se rassembler en marge des manifestations et d’organiser des agressions.

Contre les attaques fascistes, la propagande médiatique et l’isolement géographique qui pèsent sur ces mobilisations,  il faut cimenter la solidarité avec les familles et la jeunesse en lutte et ne pas les laisser seules.

Ne cédons pas face à la division : c’est ensemble qu’on gagnera le bras de fer contre les violences policières !

Ce samedi 8 juillet se tiendra la 7ème marche pour Adama Traoré à Persan Beaumont. La famille Traoré apporte son soutien à celle de Nahel, ce sera l’occasion de se rassembler dans ces luttes.

REJOIGNONS-LA, Y COMPRIS EN  FAISANT GRÈVE LE SAMEDI 8 JUILLET POUR DIRE NON AUX CRIMES RACISTES ET POLICIERS

Notre pays est en deuil et en colère

Notre pays est en deuil et en colère. Le meurtre de Nahel tué par un policier à bout portant à Nanterre, a mis à nu les effets de décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit et particulièrement les personnes racisées et précarisées. L’escalade des violences est une impasse et doit cesser. La conception essentiellement répressive de la police, et l’évolution législative de 2017 sur l’usage des armes de service, aggravent ce que la population vit et subit que ce soit en termes de discriminations et de pratiques racistes.

Les tensions entre population et police viennent de loin et s’inscrivent dans une histoire marquée d’injustices, de préjugés, de violences, de discriminations, de sexisme… et d’un racisme systémique qui traverse l’ensemble de la société et qui n’est toujours pas éradiqué.

Les habitant·es des quartiers concernés et notamment les femmes pallient bien souvent seul·es les carences en termes de services publics. C’est bien la régression de ceux-ci, l’école, les lieux de partage et de culture, sportifs, la poste, les administrations etc. et le recul du soutien de l’État au tissu associatif qui ont largement contribué à marginaliser ces quartiers et des territoires entiers bien au-delà, particulièrement dans les Outre-mer.

L’abandon de ces populations de quartier est aggravé par le contexte économique d’appauvrissement, d’inflation, de hausse des loyers, des prix l’énergie et la réforme de l’assurance chômage. Les inégalités sociales touchent particulièrement les enfants et les mères isolées. C’est ce que montrent les révoltes qui ont secoué les quartiers populaires depuis quelques jours en réaction à la tragédie de Nanterre.

En plus de décennies de dérives d’une politique du maintien de l’ordre, de lois sécuritaires (loi sécurité globale, loi séparatisme…) et de mesures d’exception, nous assistons depuis quelques jours à des pressions du gouvernement pour mettre en place une justice expéditive. Le prononcé de mises en détention préventives systématiques avec des peines de plus en plus lourdes n’est pas acceptable !

L’urgence n’est pas celle de la répression qui ne fera que renforcer l’extrême-droite et fera reculer une fois de plus les droits et libertés.

L’apaisement durable n’est possible que si le gouvernement prend les mesures nécessaires pour répondre à l’urgence de la situation et aux exigences des populations concernées.

L’ONU a critiqué à plusieurs reprises les politiques sécuritaires et les problèmes institutionnels de racisme en France, en particulier dans les forces de l’ordre.

Ce sont les discriminations qui sont un poison toxique qui décrédibilise l’idée même d’égalité et sème le désespoir.

L’extrême droite en fait son lit pour diviser toujours davantage la société. Nous dénonçons l’appel à la guerre civile contre les quartiers populaires et la qualification des personnes qui en sont issues de « nuisibles » par des syndicats de policiers.

Nous condamnons la constitution d’une cagnotte de soutien au policier qui a tué Nahel à l’initiative d’un membre de l’extrême droite et l’absence de toute action du gouvernement, mettant ainsi de l’huile sur le feu.

Tout est à repenser et construire. Il faut partir de bases nouvelles, créer des espaces de discussions larges et tirer les leçons des erreurs des politiques publiques depuis des décennies, en respectant les histoires, parcours, cultures et singularités dont se nourrit notre aspiration collective à l’égalité. Il est plus que temps d’écouter et de prendre en compte les demandes des habitant·es des quartiers populaires et en particulier sa jeunesse !

La situation nécessite que le gouvernement prenne ses responsabilités et apporte des réponses immédiates pour sortir de l’affrontement :

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COMMUNIQUÉ UNITAIRE: APPEL POUR LA JEUNESSE POPULAIRE

La mort dramatique de Nahel à Nanterre a mis en lumière les tensions toujours très fortes dans les quartiers populaires de France qui dépassent le seul cadre des violences policières et sont liées aux injustices et discriminations subies au quotidien. Elles nécessitent une réponse politique de court et de long terme.

Nous, signataires de cette tribune, sommes convaincu-es que l’avenir de la société se joue dans la place qu’elle parvient à faire, notamment à toutes les jeunesses. Nous exigeons un plan ambitieux qui permette de sortir par le haut d’une situation que les gouvernements actuel et passés ont contribué à créer et ont laissé dégénérer.

Une grande partie de la jeunesse subit le racisme au quotidien, victime de préjugés, de discriminations, et de violences. Un climat idéologique d’ensemble stigmatise en particulier les musulman.es ou celles et ceux qui sont perçu.es comme tel.les et notamment les jeunes. C’est cette situation-là qui ne peut plus durer.

Dans les quartiers populaires notamment, les rapports entre la police et la population, particulièrement les jeunes, sont conflictuels et discriminants. Il est prouvé, par exemple, que les jeunes hommes perçus comme arabes ou noirs ont 20 fois plus de probabilité d’être contrôlés par la police que les autres. Nous demandons l’abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par la police. Nous demandons la fin de la seule réponse répressive par la police dans les quartiers. Nous nous prononçons également pour la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits. Nous revendiquons la création d’un organisme indépendant de contrôle, en remplacement de l’IGPN, et nous sommes favorables à la création et la promotion d’une plateforme en ligne permettant de déposer images et vidéos de potentielles violences policières. Nous demandons le retour des services de prévention spécialisés avec l’embauche massive d’éducateurs et d’éducatrices de prévention (dit « de rue ») diplomé-es et formé-es pour prévenir les conflits entre jeunes, entre les jeunes et le reste de la population, et faire de l’accompagnement éducatif.

La relégation sociale de la jeunesse populaire est le résultat de politiques qui ont trop souvent oublié la jeunesse et participé à sa marginalisation. Les services publics, en premier lieu, l’Ecole, ont subi des années de suppressions d’emplois qui ont aussi touché les établissements les plus défavorisés. Derrière les discours prétendument volontaristes, l’Education prioritaire a été démantelée dans les lycées. En collège, elle a été diluée dans une série de mesures dans des politiques territoriales académiques qui ont mis à mal l’ambition initiale de l’Education prioritaire. La crise économique n’a cessé de creuser les inégalités sociales dans le pays, multipliant le nombre d’établissements qui pourraient relever des critères sociaux de l’éducation prioritaire. Et pourtant, le chantier de la révision et l’élargissement de la carte de l’Education prioritaire n’a même pas été entamé ! Les autres services publics ont aussi disparu des quartiers populaires alimentant un sentiment légitime d’abandon : comment croire à l’égalité quand des quartiers se retrouvent sans services publics ? Quand les quartiers restent enclavés faute de transports accessibles, sans médecins, sans hôpital de proximité ? Quand le logement est profondément dégradé dans ces quartiers, accentuant le sentiment de relégation ? Quand l’accès à l’emploi est plus difficile pour les jeunes de ces quartiers, comme l’ont démontré de multiples études ? Cette jeunesse se retrouve assignée à résidence sociale et géographique : c’est un renoncement mortifère pour la démocratie ! Comment ne pas voir qu’en assignant des jeunes à leur origine sociale, en enfermant cette jeunesse populaire dans des destins tout tracés, s’opère alors une rupture amère et pleine de rancoeurs avec les promesses du modèle républicain ?

Les quartiers populaires ont eux aussi besoin de services publics qui permettent de créer du lien social, de la solidarité, de la proximité, de l’égalité. Ils font du commun dans une société et, plus particulièrement dans des quartiers qui n’en ont plus. L’espoir d’un avenir meilleur pour la jeunesse populaire passe par un grand plan d’investissement pour l’Ecole, les transports, le logement, l’emploi.

Les associations de proximité ont subi toutes ces dernières années les coupures de subvention, et un contrôle de plus en plus renforcé sous prétexte du respect des principes républicains.

Les moyens nécessaires doivent être attribués aux programmes de prévention et de lutte contre les discriminations dans les établissements scolaires, où des agent-es formé-es doivent servir de personnes ressources missionnées en tant que telles pour accompagner et orienter les élèves qui en sont victimes. Par ailleurs, une évaluation et une réflexion autour des programmes scolaires est nécessaire pour aboutir à une prise en compte satisfaisante de l’histoire, des études et des notions liées à l’esclavage, à la colonisation, au racisme, à l’oppression des femmes et des minorités sexuelles et aux combats divers pour l’égalité qui s’y rapportent. Une école qui promeut l’égale dignité de tous et toutes les élèves, futur-es citoyen-nes, à la préoccupation constante de garantir que ses contenus d’enseignement ne comportent ni oublis ni angles morts sur ces questions et transmettent des savoirs utiles à la compréhension des origines et des mécanismes de discriminations pour contribuer efficacement à leur disparition à plus long terme.

Le 30 juin 2023

Il y a urgence à répondre à la colère légitime. Sans justice, il n’y aura pas de paix

La révolte monte et se propage depuis le meurtre du jeune Nahel par un policier à Nanterre. Une partie de la jeunesse s’identifie et se solidarise, n’accepte pas d’attendre que la situation se reproduise. La situation n’est pas issue d’un acte isolé ou d’un simple accident. C’est le résultat de gouvernements successifs qui nient le racisme structurel et le système des violences policières. C’est le résultat de décennies de politiques répressives, héritières des pratiques de gestion coloniale des populations, qui se retrouvent dans la gestion des quartiers populaires. C’est le résultat des inégalités sociales et territoriales, de la destruction des services publics, de la masse des logements indignes, du démantèlement du tissu associatif, qui concerne au quotidien des millions de travailleuses et travailleurs.

Globalement, ce sont des symboles de l’Etat qui sont visés par des dégradations ou des destructions. Il est toujours regrettable de voir des établissements scolaires endommagés, mais cela ne saurait être instrumentalisé comme écran de fumée pour ne pas s’attaquer aux causes profondes de la révolte. Des commerces de grandes chaînes ont également été visés. Si un effet d’aubaine peut exister, nous ne pouvons qu’être frappé·es par les images de caddies pleins de produits de première nécessité qui jettent une lumière crue sur la crise sociale liée aux salaires et à l’inflation.

Il faut mettre fin à ces meurtres, apporter des réponses politiques et sociales et des mesures concrètes, à commencer par une réforme de la loi de 2017 sur les conditions d’usage des armes par la police et au-delà de toute l’institution policière. Il faut détruire le système raciste, développer et renforcer les services publics et la justice sociale. C’est le seul moyen de faire retomber la tension : changer en profondeur.

Hélas, le gouvernement semble vouloir s’enfermer dans une approche répressive et la pression sur la mise en place de l’état d’urgence augmente d’heure en heure. Nous sommes très inquiet·es des arrestations massives, des violences et de la répression que vont subir des milliers de jeunes probablement sans le respect de leurs droits. Nous venons d’apprendre qu’une personne a été tuée par balle en Guyane sans en connaître encore les détails.

Nous ne devons pas rester silencieux/euses ou passifs/ives devant cette situation. Il faut essayer, à tous les niveaux, d’initier des cadres unitaires larges pour peser sur la situation. Sans justice, il n’y aura pas de paix.